Page:Thoinan - Les Relieurs français, 1893.djvu/193

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Mais les relieurs, depuis une quinzaine d’années, n’en avaient pas moins exécuté d’excellents travaux et, stimulés par les amateurs et l’exemple des plus habiles d’entre eux, cherchaient presque tous à bien faire, en se pénétrant chaque jour davantage des bons principes. Ils se passionnaient pour leur état, allant jusqu’à l’enthousiasme dans leur admiration pour les belles reliures. Aussi, avec les tendances portées vers l’étude des œuvres artistiques du passé dans tous les genres, qui se développèrent si heureusement à cette époque, ne tardèrent ils pas à comprendre qu’il n’y avait pas de meilleurs modèles à suivre pour l’ornementation des livres que les magnifiques et splendides reliures d’autrefois. Les richesses enfouies et oubliées dans les bibliothèques furent ardemment recherchées et, une fois mises en lumière, consultées et étudiées avec intelligence et discernement, elles devinrent de véritables révélations pour les amateurs et les artistes. L’art de la reliure se transforma complètement : on sait par les merveilleux chefs-d’œuvre de nos maîtres, admirés et recherchés partout, ce qu’il est devenu dans notre pays depuis cinquante ans !

Il est à souhaiter qu’un amateur convaincu s’occupe un jour de cette période vraiment glorieuse pour l’histoire du livre. Sa conclusion ne sera-t-elle pas forcément de reconnaître que, grâce au goût et au talent de nos praticiens modernes, on peut toujours dire, comme M. de Laborde l’a justement proclamé, que la Reliure est un art tout français !