Page:Thoinan - Les Relieurs français, 1893.djvu/209

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moins les intervalles de ces entrelacs ; tandis que la troisième consistait à l’application de ces mêmes pointillés en gerbes plus ou moins serrées dans les côtés et aux coins de ces encadrements intérieurs, très en vogue depuis nombre d’années (pl. XXII).

La qualité de doreur, que prenait Jean Thomas, le patron d’apprentissage de Badier, ainsi que l’invetit et le fecit, que ce dernier mit au bas de la dorure qui nous paraît avoir été l’une de ses premières, prouvent certainement que l’élève fut doreur comme le maître. Nous n’avons pu trouver la preuve qu’il ait exercé la reliure en même temps, mais la chose nous semble peu probable. En effet, on connaît un certain nombre de volumes dorés par lui aux armes de Mazarin, et cependant son nom ne figure pas dans les comptes de ce célèbre bibliophile à côté de ceux de douze relieurs qu’il employait. Ne faut-il pas supposer que, n’ayant fait que dorer ces volumes et son travail lui ayant été payé par le relieur, comme c’est l’usage, le nom de Florimond Badier n’avait pas à passer sous la plume de Naudé ? Il est vrai que les seuls comptes que l’on connaisse n’embrassent que quelques années de la vie du cardinal !

Notre artiste est peut-être le seul qui, à ces époques éloignées, ait eu l’idée de signer ses œuvres, ce qui certes est une exception très à remarquer. Mais, simple doreur et travaillant pour des relieurs non doreurs, censés, vis-à-vis de leurs clients, avoir tout fait dans les volumes qu’ils leur livraient, ces industriels ne durent-ils pas se refuser à lui laisser mettre son nom sur ses dorures exécutées pour leur compte ? Ceci se comprend très bien et nous expliquerait pourquoi on ne trouve que très peu de reliures portant son nom (on n’en connaît que duex jusqu’à présent). Désireux cependant de marquer ses oeuvres, est-ce alors qu’il aurait imaginé de pousser cette fameuse tête ? C’est possible ! Dans tous les cas, il faut reconnaître que le malheureux, malgré cette précaution, courait le risque d’avoir son linge... non ! son oeuvre démarquée à tout jamais !

Nous regrettons de n’avoir pu nous procurer des renseignements biographiques sur Badier et d’ignorer la date de sa mort. (Voyez Gascon.)


Signature de Florimond Badier
Signature de Florimond Badier


BADIER (Jean ou Jean-Baptiste), fils de Florimond, fut reçu maître le 25 janvier 1663. Il paracheva l’apprentissage de Robert Ferret qui l’avait commencé chez Paul Chevrol. Sa fille épousa le libraire Claude Le Tilleur.

Deux Badier frères sont cités parmi des relieurs ayant qualité pour être reçus maîtres en 1690 ; ils parvinrent sans doute à la maîtrise, mais nous n’avons trouvé que le nom de l’un d’eux, celui de

— (Pierre), figurant sur une liste de la Confrérie.

— (Siméon-Charles), reçu maître le 14 décembre 1711, demeurait rue Saint-Jacques en 1759. Il est porté au tableau de cette année sous le nom de Badière, ainsi que son fils :

— (Pierre-François), reçu le 31 mai 1730 et nommé Garde le 28 juillet 1750. Il demeurait rue Saint-Jean-de-Beauvais en 1759 et 1769. Pierre-François Badière reliait