Page:Thoinan - Les Relieurs français, 1893.djvu/39

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

vrir un livre ! La vérité est qu’on n’y mit pas beaucoup de rigueur, puisque longtemps après on constatait qu’un grand nombre de relieurs savaient à peine lire. Fut-on plus rigoureux avec les libraires et les imprimeurs ? Étaient-ils tous congrus en langue latine et capables de lire le grec ? C’est peu probable.

Ces statuts n’en servirent pas moins aux relieurs pour faire au parlement une réclamation en somme fort juete. Ils lui présentèrent une requête où ils se plaignaient de ce que jamais aucun d’eux, quoiqu’ils fussent nombreux, n’avait occupé la moindre place d’adjoint, tandis que les imprimeurs ou les libraires remplissant cette fonction, insouciants de leurs intérêts à eux relieurs, toléraient des abus leur portant préjudice, laissant même les merciers exercer la reliure, etc. Ils demandaient enfin à être reçus opposants à la vérification du nouveau règlement et à ce qu’il leur soit permis à l’avenir d’élire deux relieurs pour adjoints.

Nous avons le texte imprimé de cette requête, qui n’aboutit à rien ; les relieurs ne furent pas plus adjoints après qu’avant. Mais c’était un premier jalon indiquant la route qu’on devait suivre plus tard.

Un certain nombre de compagnons doreurs : Étienne Sauvage, Étienne Simon, Claude Hérissant, François Drou, Michel Vaugon, Guillaume Viette, Julien Delafontaine, Léon Marin, François Coustellier, Hilaire Délateur, Pierre Cheron, André Vignon, Étienne Henrion, Louis Dauban et Laurent Jacquin s’étaient présentés pour la maîtrise en mars 1645 et avaient rencontré l’opposition des syndic et adjoints, reprenant la théorie émise lors du procès Ballagny et Pigoreau, d’après laquelle un simple doreur ne pouvait être admis dans la communauté des Libraires, Imprimeurs et Relieurs. Ils furent cependant nommés maîtres, par arrêt du 26 janvier 1647, mais à la condition qu’ils n’exerceraient ni la librairie ni l’imprimerie sans avoir fait expérience devant le syndic et les adjoints. Les six premiers nommés ci-dessus, s’étant vu refuser l’expérience qu’ils offraient de faire, se joignirent à quelques libraires et imprimeurs s’opposant devant le Parlement à l’enregistrement de la Déclaration de 1649 et firent condamner les syndic et adjoints, par arrêt du