Page:Tinchant - Les Fautes, Sérénités, 1888.djvu/12

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

qu’un sourire, — aurore et printemps, fleurit la sensualité de ses lèvres. Ce que j’admirerai le plus en l’Amie, ce ne sera ni sa gorge énamourée, ni ses flancs formés pour les puissants accouplements, — non plus, la musique de sa voix ou la grâce lubrique de ses mouvements. Je m’extasierai sur ses cheveux rouges, fauve ensoleillement, à son front bas de jeune déesse. Ma maîtresse sera très svelte, nubile à peine, si blanche que les impériales Lesbiennes s’agenouilleront devant elle.


III


Qu’adviendra-t-il de nous ? L’amour de mon épouse est de celles qui tuent. Mais, à jamais, elle a pris tout mon être. Quelque soir, en un boudoir aux tentures éteintes ou sous le ciel mélancolique des Automnes, jalouse, la Mort nous ravira aux innommables béatitudes. Qu’adviendra-t-il de nous ? L’amour de mon épouse est de celles qui tuent.


IV


Hélas ! Où est-elle ? Pourquoi si longtemps l’attendre ? Je vis isolé des fanges humaines, sans estime ni mépris pour mes pareils. Et voici que désireux d’emporter en la vie éternelle la mémoire d’un Eden ici-bas rêvé, j’ai vainement espéré la venue de la chère inconnue. Hélas ! Où est-elle ? Pourquoi si longtemps l’attendre ?