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QUINZIÈME PARTIE


I


Quand l’homme voit un animal mourant, l’horreur le saisit : ce qu’il est lui-même — son essence — s’anéantit devant ses yeux, cesse d’exister, mais quand cet animal mourant est un homme et un homme aimé, alors, sauf l’horreur qu’inspire l’anéantissement de la vie, il ressent encore un déchirement, une blessure morale qui, comme la blessure physique, parfois tue, parfois guérit, mais toujours est douloureuse et redoute l’attouchement extérieur, irritant.

Après la mort du prince André, Natacha et la princesse Marie le sentirent également. Toutes deux moralement courbées et les yeux fermés à cause des nuages terribles de la mort suspendus au-dessus d’elles, n’osaient regarder la vie en face.