Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol15.djvu/374

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nais plusieurs dans ce cas. Il te semble humiliant que je compte les arbres d’un bois et tu fais cadeau à Riabinine de trente mille roubles, mais tu n’auras pas honte de recevoir une pension et je ne sais quoi encore ; eh bien ! moi, je pense autrement, c’est pourquoi je tiens beaucoup à ce que j’ai reçu de ma famille et à ce que je dois à mon travail… Nous sommes des aristocrates, nous, et non pas ceux qui ne peuvent exister que par les dons des grands de ce monde et qu’on peut acheter pour vingt kopeks.

— Mais contre qui te fâches-tu ? Je suis tout à fait de ton avis, dit Stépan Arkadiévitch franchement et gaîment, bien qu’il se sentît visé par la mention de ceux qu’on peut acheter pour vingt kopeks.

Le ton de Lévine l’amusait franchement.

— Contre qui te fâches-tu ? Bien que tu exagères beaucoup au sujet de Vronskï, je te l’abandonne. Je te dirai tout simplement une chose : à ta place je partirais pour Moscou et…

— Non, j’ignore si tu le sais ou non, mais je te le dirai, cela m’est égal : j’ai fait ma demande et j’ai été éconduit, si bien que Catherine Alexandrovna est maintenant pour moi un souvenir pénible et honteux.

— Pourquoi ? En voilà des bêtises !

— Non, n’en parlons plus. Pardonne-moi, je te prie, si j’ai été grossier avec toi, dit Lévine. — Après avoir dit ce qu’il avait sur le cœur, il redevenait tel