Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol16.djvu/370

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sait à celle de mariage, il songea qu’il ne pourrait trouver mieux que la femme et la belle-sœur de celui-ci pour parler de son bonheur, et il se sentit tout heureux d’aller chez eux.

Sviajskï le questionna sur les affaires de la campagne, se refusant, comme toujours, à croire à la possibilité de trouver quelque chose qui n’existât pas déjà en Europe ; dans les conditions présentes Lévine ne s’en trouva nullement froissé.

Au contraire il sentait que Sviajskï avait raison ; à vrai dire toute cette affaire était pour lui bien mesquine, et il appréciait la réserve avec laquelle son ami exprimait ses arguments.

Mesdames Sviajskï se montrèrent particulièrement aimables ; il sembla même à Lévine qu’elles savaient déjà tout mais que par délicatesse elles évitaient d’aborder ce chapitre. Il resta chez eux une heure, deux heures, trois heures, causant de sujets divers, mais il n’avait d’autre pensée que celle qui remplissait son âme, et ne remarquait pas qu’il les ennuyait horriblement et que depuis longtemps, ils avaient envie de dormir. Enfin Sviajskï l’accompagna jusqu’à l’antichambre en bâillant, très étonné au fond de l’état étrange dans lequel était son ami.

Il était plus d’une heure. Lévine rentra à l’hôtel effrayé à l’idée de l’emploi qu’il ferait des dix heures qui lui restaient encore à attendre. Le valet de service qui ne dormait pas lui alluma ses bougies puis voulut s’en aller.