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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol18.djvu/106

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— Rien, rien, tout va bien, prononça Dolly derrière lui.

Mais on avait beau dire, il était sûr que tout était fini. Dans la chambre voisine où il se tenait la tête appuyée contre le mur, il entendit un cri, un hurlement quelconque, différent de ceux qu’il avait entendus jusqu’alors, et il savait que ce cri provenait d’un être qui était autrefois Kitty. L’enfant, depuis longtemps il ne le désirait plus. Maintenant, il haïssait cet enfant, il ne désirait plus sa vie ; il ne voulait qu’une chose : la cessation de ces horribles souffrances.

— Docteur, que signifie cela ? Qu’est-ce que c’est ? Mon Dieu ! cria-t-il, saisissant par le bras le docteur qui entrait.

— C’est bientôt la fin, répondit le docteur ; et son visage était si sérieux que Lévine interpréta ces paroles dans le sens de la mort.

Hors de lui, il courut dans la chambre à coucher. La première chose qu’il remarqua, ce fut le visage d’Elisabeth Petrovna devenu plus sévère encore, les sourcils froncés.

Le visage de Kitty n’existait plus. La crispation nerveuse et les cris en avaient fait quelque chose d’horrible. Lévine appuya sa tête sur le bois du lit, sentant son cœur se déchirer. Le cri terrible ne s’arrêtait plus ; il était devenu encore plus effrayant, et soudain, comme s’il eût atteint les dernières limites de l’horreur, enfin il se calma ; Lévine n’en