Aller au contenu

Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol18.djvu/105

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pieds dans la chambre à coucher, contourna Élisabeth Pétrovna et la vieille princesse et se mit à sa place près du chevet. Le cri s’était éteint ; il y avait maintenant quelque chose de changé. Quoi ? il ne le voyait pas, ne le comprenait pas et ne voulait ni le voir ni le comprendre, mais il s’en rendait compte au visage d’Élisabeth Pétrovna. Le visage de la sage-femme était sévère, pâle, et gardait le même air résolu, bien que la mâchoire tremblât un peu. Ses yeux étaient fixés sur Kitty ; celle-ci, le visage gonflé, décomposé, une mèche de cheveux collée sur son front en sueur, était tournée vers lui et cherchait son regard ; ses mains levées cherchaient les siennes. Elle prit dans ses mains en sueur les mains froides de son mari, les pressa contre son visage.

— Ne t’en va pas l Ne t’en va pas ! Je n’ai pas peur ! Je n’ai pas peur ! disait-elle rapidement ! Maman, relevez mes boucles, elles me gênent. N’aie pas peur. C’est bientôt, bientôt, Élisabeth Pétrovna ?

Elle parlait rapidement, voulait sourire ; mais tout d’un coup son visage se déforma et elle le repoussa.

— Non, c’est affreux ! Je mourrai l Je vais mourir ! Va-t-en ! Va-t-en ! s’écria-t-elle : et de nouveau on entendit ce même cri qui n’avait rien d’humain.

Lévine prit sa tête entre ses mains et s’enfuit de la chambre.