Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol20.djvu/367

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exister sans les bonnes œuvres, pourquoi donc les séparer et dire : 1o la foi ; 2o les bonnes œuvres ? Cette erreur logique n’est pas fortuite. La même erreur consciente est répétée dans la théologie. Il est clair que par le mot « foi », pour les besoins de la théologie, il faut entendre non ce que comprenaient Paul et les Patriarches orientaux, et ce que nous tous entendons par ce mot.

Paul dit : « La foi c’est l’annonciation de ceux qui ont l’espoir, la dénonciation des choses invisibles, c’est-à-dire l’assurance de l’invisible comme visible ; le désiré et l’attendu comme présent. » Paul ne dit pas que cette annonciation et cet espoir se transmettent par quelqu’un. Les Patriarches orientaux disent : « Par le mot foi nous désignons notre conception juste de Dieu et des objets divins. » « Nul ne peut se sauver sans la foi », disent-ils plus loin.

La foi, c’est l’annonciation de ceux qui ont l’espoir, la dénonciation de l’invisible et la conception juste de Dieu. Tous les hommes comprennent la même chose. Nous périssons dans cette vie sans la connaissance de Dieu. La connaissance de Dieu, — la foi — nous donne le salut.

D’après cela, tous les actes du salut sont des actes bons ; et tous les actes bons ne sont bons que parce qu’ils sont des actes de salut qui découlent de notre connaissance de Dieu, c’est-à-dire de la foi. La foi n’est pas inséparable des bonnes œuvres,