Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol36.djvu/334

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l’avaient aidé à s’échapper des mains des surveillants. Les surveillants se réunirent, entre autres un certain Pétrov célèbre par sa force. On eut raison des prisonniers, et on les mit au cachot. Un rapport au gouverneur, grossissant l’affaire, l’avait présentée comme une sorte de révolte. En réponse, on reçut l’ordre d’infliger trente coups de verges aux deux principaux coupables : Vassiliev, et un rôdeur.

La punition devait avoir lieu dans le parloir des femmes.

Depuis la veille la nouvelle s’en était répandue dans la prison, et il n’était pas question d’autre chose dans toutes les salles.

Korableva, la Belle, Fédosia et Maslova étaient assises et bavardaient dans leur coin, rouges toutes quatre, et allumées par l’eau-de-vie qui, grâce à l’argent de Maslova, ne cessait plus de couler pour elles ; en buvant leur thé, elles parlaient de la fustigation.

— S’il s’était révolté, — disait Korableva, de Vasseliev, en grignotant un morceau de sucre entre ses dents solides, — il n’a fait que prendre la défense de son camarade parce que, maintenant, on n’a pas le droit de frapper.

— On dit que c’est un très bon garçon, ajouta Fédosia, assise, ses deux longues nattes pendantes, sur un billot de bois, en face de la planche sur laquelle était posée la théière.