Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol37.djvu/113

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Il baisa silencieusement le front de sa femme.

— Non, il est impayable, dit à son mari la comtesse Catherine Ivanovna. Il m’ordonne d’aller battre mon linge à la rivière et de me nourrir de pommes de terre. C’est un effroyable imbécile. Malgré cela, fais ce qu’il te demandera. C’est un terrible nigaud, se corrigea-t-elle. À propos, on dit que madame Kamenskaia est dans un tel désespoir qu’on craint pour sa vie ; tu devrais aller lui rendre visite.

— Oui, c’est affreux ! répondit le mari.

— Et maintenant, allez causer de vos affaires. J’ai des lettres à écrire.

Nekhludov pénétrait à peine dans la chambre voisine du salon qu’elle lui cria de l’autre pièce :

— Faut-il écrire à Mariette ?

— Je vous en prie, ma tante.

— Alors je laisserai en blanc ce qu’il faut dire de la femme aux cheveux courts. Elle ordonnera à son mari de faire ce que tu lui demanderas, et il le fera. Mais ne pense pas que je sois méchante ! Elles ne sont guère sympathiques, tes protégées ; mais je ne leur veux pas de mal. Que Dieu les garde ! Maintenant va et sois sans faute ce soir à la maison. Tu entendras Kizeweter. Et puis tu prieras avec nous. Et si tu ne résistes pas, ça vous fera beaucoup de bien. Je sais parfaitement qu’Hélène et vous tous ne vous en êtes jamais beaucoup inquiété ! Eh bien ! au revoir !