Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol37.djvu/112

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qu’elle a le droit de s’occuper des affaires. — dit Nekhludov.

— Mariette ? Mariette est Mariette, mais qu’une Dieu sait quoi, une Khaltupkina quelconque, veuille nous faire la leçon à tous…

— Non pas nous faire la leçon, mais venir en aide au peuple.

— On sait bien sans elles qui il faut aider.

— Mais puisque le peuple souffre. Je reviens de la campagne… Trouvez-vous juste que les paysans se tuent de travail et n’aient pas de quoi manger à leur faim, alors que nous vivons dans un luxe fou ? continua Nekhludov, que la bonhomie de sa tante encourageait à lui confier toutes ses pensées.

— Eh bien ! quoi ? Veux-tu que je travaille et jeûne ?

— Non, je ne veux point vous priver de manger, dit Nekhludov en souriant, je veux seulement que tous travaillent et que tous mangent.

La tante plissa de nouveau son front, abaissa ses prunelles et regarda son neveu avec curiosité.

Mon cher, vous finirez mal. dit-elle.

— Pourquoi ?

À ce moment entra un grand et robuste général. C’était Tcharsky, l’ancien ministre, le mari de la comtesse.

— Ah ! Dmitri, bonjour ! dit-il en tendant à Nekhludov sa joue fraîchement rasée. Depuis quand es-tu arrivé ?