Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol37.djvu/204

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

actes : ou bien il se taisait, ou bien il parlait courageusement, très haut, criant presque ce qu’il voulait dire, et souvent accompagnant ses paroles d’un rire également bruyant ; et cela, non par tactique, mais parce que tel était son caractère.

— C’est gentil d’être venu. Veux-tu déjeuner ? Eh bien ! assieds-toi. Le beafsteek est excellent ! Je commence et finis toujours par le substantiel ! Ha ! ha ! ha ! Ou bien, prends du vin ! disait-il en montrant la carafe de vin rouge. Moi, j’ai pensé à toi. Ta requête je la remettrai ; je la remettrai moi-même, en mains propres, tu peux y compter. Cependant je me demande s’il ne vaudrait pas mieux aller voir auparavant Toporov.

Au nom de Toporov, Nekhludov fronça les sourcils.

— Tout dépend de lui. De toutes les façons on lui enverra le dossier, et peut-être te donnera-t-il satisfaction lui-même.

— Si tu me le conseilles, j’irai.

— Parfait ! Eh bien ? Et Pétersbourg, quel effet produit-il sur toi ? cria Bogatyrev. Hein ? Dis ?

— Je me sens hypnotisé, dit Nekhludov.

— Hypnotisé ! répéta Bogatyrev en riant bruyamment. Eh bien ! si tu ne veux rien prendre, à ta guise ! Il essuya sa moustache avec sa serviette. Alors, tu iras, hein ? S’il ne fait rien, tu me rapporteras la requête, je la remettrai demain même, cria-t-il ; et, se levant de table, il fit un large signe