Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol37.djvu/24

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terre ? Consentez-vous ? Et quel prix offrirez-vous si on vous la loue ?

— La marchandise est à vous ; c’est à vous d’en fixer le prix.

Nekhludov indiqua un prix. Comme toujours, bien que le prix fixé par Nekhludov fût de beaucoup inférieur à celui que payaient les paysans des environs, on commença à marchander, le trouvant trop élevé. Nekhludov avait pensé qu’ils accueilleraient sa proposition avec joie, mais il ne remarqua chez eux aucune satisfaction. Pourtant elle existait, et Nekhludov eut la preuve presque certaine qu’ils trouvaient sa proposition avantageuse, quand il fut question de savoir qui louerait les terres : toute la communauté ou seulement un groupe de paysans ? Alors une discussion très vive s’éleva entre ceux qui voulaient en exclure les faibles et les mauvais payeurs, et ceux qu’on voulait écarter. Enfin, grâce à l’intendant, le prix et les échéances furent arrêtés, et les paysans, en causant avec animation, retournèrent au village, tandis que Nekhludov allait au bureau pour rédiger avec l’intendant le projet du traité.

Ainsi tout était arrangé comme l’avait désiré et espéré Nekhludov : les paysans avaient la terre à trente pour cent de moins que partout aux environs, et si son revenu était réduit de moitié, il restait encore très suffisant pour Nekhludov, surtout avec ce qu’allait rapporter la vente des bois