Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol37.djvu/25

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et du matériel inventorié. Tout semblait donc parfait, et cependant, tout le temps Nekhludov se sentait mal à l’aise. Il voyait qu’en dépit des remerciements de quelques-uns, les paysans paraissaient mécontents, comme s’ils eussent attendu davantage. De sorte que lui-même s’était privé d’un grand profit tout en ne leur faisant pas le bien qu’ils espéraient.

Le traité sous seing privé ayant été signé le lendemain matin par les anciens du village, Nekhludov, avec le sentiment désagréable de laisser derrière lui quelque chose d’inachevé, monta dans l’élégante voiture de l’intendant, comme avait dit le cocher de l’avant-veille, et partit pour la gare, après avoir pris congé des paysans qui hochaient la tête d’un air étonné et mécontent. Les paysans étaient mécontents. Nekhludov était mécontent de soi. De quoi était-il mécontent ? il ne le savait pas, mais tout le temps il était triste et honteux de quelque chose.