Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol37.djvu/263

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Le train des prisonniers partait deux heures avant l’express que devait prendre Nekhludov, aussi règla-t-il la note de sa chambre, n’ayant plus l’intention de revenir à l’hôtel.


On était dans les lourdes chaleurs de juillet. Les pavés, les pierres des maisons, le fer des toitures qui n’avaient pu se refroidir durant la nuit torride, renvoyaient la chaleur à l’air immobile et étouffant. Pas le moindre vent, et quand passait un léger souffle c’était comme une haleine brûlante, imprégnée de poussière et de mauvaise odeur de peinture à l’huile. Il y avait peu de monde dans les rues ; les quelques rares passants tâchaient de marcher à l’ombre des maisons. Seuls des paysans en lapti, des paveurs, brûlés par le soleil, étaient assis au milieu de la rue, frappant de leurs maillets des cailloux qu’ils enfonçaient dans le sable brûlant ; de taciturnes agents de police en uniforme de toile blanche, barré du cordon orange de leur révolver, se tenaient aussi au milieu de la chaussée, en piétinant tristement, tandis que les tramways, les stores baissés d’un côté, les chevaux en capuchon de toile blanche, avec des ouvertures qui laissaient passer les oreilles, montaient et descendaient le long des rues, en sonnant.

Quand Nekhludov arriva devant la prison le convoi n’était pas encore sorti, et dans la prison se poursuivait le travail commencé depuis quatre