Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol37.djvu/296

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— Et parmi les femmes, il n’y a pas eu de malades ? demanda Nekhludov.

— Nous autres femmes, nous sommes plus solides, fit en riant une prisonnière de petite taille. Mais voilà qu’une femme n’a pas trouvé un autre moment pour accoucher ! Tenez, l’entendez-vous crier ? ajouta-t-elle en désignant le wagon voisin, d’où venaient des plaintes ininterrompues.

— Vous m’avez demandé si je n’avais besoin de rien ? dit Maslova, s’efforçant de contenir la joie de son sourire. Eh bien ! N’y aurait-il pas moyen d’obtenir que cette femme reste ici, car elle souffre vraiment. Si vous en parliez aux chefs.

— Oui, je vais en parler.

— Et puis n’y aurait-il pas moyen de lui laisser voir son mari, Tarass ? ajouta Maslova en montrant des yeux la souriante Fédosia. Il vous accompagne, n’est-ce pas ?

— Monsieur, il est défendu de parler aux prisonniers ! fit observer un sous-officier du convoi.

Ce n’était pas celui qui avait laissé passer Nekhludov.

Nekhludov s’éloigna et se mit à la recherche du chef pour intervenir en faveur de la femme en couches et de Tarass. Mais il n’arrivait pas à le trouver et ne pouvait obtenir de réponse des soldats. Une grande confusion régnait : les uns erraient çà et là ; d’autres conduisaient quelque