Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol37.djvu/369

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effrayé de quelque chose. Son adjoint le suivait, l’air renfrogné, mais décidé ; puis l’escorte. On passa devant ma porte, on s’arrêta à la cellule voisine, et j’entendis l’adjoint crier d’une voix étrange : « Lozynsky, levez-vous ! Mettez du linge propre ! » Oui… Puis j’entendis grincer la porte, on entra chez lui ; puis le pas de Lozynsky, il alla du côté opposé au couloir. Je ne voyais que le directeur. Oui… Pâle, il boutonnait et déboutonnait son uniforme et secouait ses épaules. Oui… Soudain, comme effrayé de quelque chose, il se rangea. C’était Lozynsky qui, passant devant lui, s’approchait de ma porte. Un beau jeune homme ! Vous savez, un de ces beaux types polonais : le front large, droit, ombragé d’abondants et fins cheveux blonds, et de beaux yeux bleus. C’était un adolescent dans tout son épanouissement printanier. Il s’arrêta devant le judas de ma porte, de sorte que j’aperçus tout son visage : un visage terne, affaissé, effrayant. « Kryltsov, des cigarettes ? » J’allais lui en donner une, lorsque l’adjoint du directeur, craignant sans doute d’être devancé, tira vivement son étui et le lui tendit. Il prit une cigarette ; l’adjoint frotta une allumette. Lozynsky se mit à fumer et parut réfléchir.

Puis, comme s’il se rappelait quelque chose, il se mit à parler : « C’est cruel et injuste ! Je n’ai commis aucun crime. Je… » Un tremblement parcourut son cou jeune et blanc, dont je ne pouvais