Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol37.djvu/469

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— Tous deux sont condamnés aux travaux forcés.

— Alors, ils sont quittes ! fit en riant le général. La même punition pour lui et pour elle. Lui, on peut le laisser, pour cause de maladie, continua-t-il, et il va sans dire qu’on fera tout ce qui sera possible pour adoucir son sort. Mais elle, si même elle se mariait avec lui, elle ne pourrait rester ici…

— Madame la générale prend le café ! annonça le valet.

— Au reste, je vais y réfléchir. Comment s’appellent-ils ? Inscrivez ici.

Nekhludov inscrivit les noms.

— Et cela non plus, je ne puis le permettre, répondit le général à Nekhludov qui le priait de lui laisser voir le malade. Ce n’est pas que je vous soupçonne, dit-il ; mais vous vous intéressez à lui et aux autres, et vous avez de l’argent. Or, ici, tout est à acheter. On me dit de détruire la vénalité ! Comment y parvenir, puisque tous sont à vendre ! Et moins le fonctionnaire est élevé, plus il en prend. Comment puis-je contrôler un homme à une distance de cinq mille verstes ? Chacun d’eux est un petit tzar, comme moi ici, d’ailleurs ! dit-il en riant. Vous avez eu, certainement, des entrevues avec les condamnés politiques : vous avez donné de l’argent et on vous a laissé passer, fit-il avec un sourire. N’est-ce pas ?

— Oui, c’est vrai.