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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol9.djvu/266

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route, dans sa troïka, proposa de prendre dix des domestiques costumés et d’aller chez l’oncle.

— Non, vous dérangeriez le vieux, dit la comtesse, et chez lui, il n’y a pas où se retourner. Si vous voulez partir quelque part, alors, allez chez les Melukhov.

Madame Melukhov était une veuve ayant des enfants de divers âges, qui avaient aussi des institutrices et des précepteurs. Elle habitait à quatre verstes des Rostov.

— Voilà, ma chère, ce qui est sage, reprit le vieux comte en se secouant. Bon, je m’habillerai tout de suite et j’irai avec vous ; je saurai bien réveiller Pachette. Mais la comtesse ne consentit pas à laisser partir le comte.

Tous ces jours-ci il avait eu mal à la jambe. Il fut décidé qu’Ilia Andréiévitch ne pouvait partir, mais que si Louise Ivanovna, madame Chausse, voulait les accompagner, les demoiselles pouvaient aller chez madame Melukhov. Sonia toujours timide se mit à supplier le plus instamment Louisa Ivanovna de ne point refuser. Sonia était la mieux costumée. Ses moustaches et ses sourcils lui allaient à merveille ; tous disaient qu’elle était très belle, et elle était d’une humeur extraordinaire, animée, énergique. Une voix intérieure lui disait qu’aujourd’hui ou jamais son sort serait décidé, et, dans son costume d’homme, elle semblait une tout autre personne. Louise Ivanovna consentait ; une demi-