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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol9.djvu/274

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elle me rappelle quelqu’un. Edouard Carlitch, comme il est beau ! Je ne l’aurais pas reconuu. Et comme il danse ! Ah ! un Circassien ! Vraiment, ça va bien à Sonitchka… Qu’est-ce encore ? Eh bien, vous nous avez amusés ! Enlevez les tables. Nikita ! Vania ! Nous qui étions si tranquilles !

— Ah ! ah ! ah ! un hussard ! un hussard ! Pour un garçon, voilà des jambes ! Je ne puis pas voir… disaient des voix.

Natacha, la favorite des jeunes Melukhov, disparut avec elles dans une chambre de derrière où ils demandaient des bouchons, des robes de chambre, des habits d’homme, que prenaient aux valets, par la porte ouverte, les bras nus des jeunes filles. Dix minutes après, toute la jeunesse de la famille Melukhov s’adjoignit aux masques.

Pélagie Danilovna ordonnait de débarrasser la place pour les hôtes et de préparer à manger pour les maîtres et les serviteurs, et, sans ôter ses lunettes, avec un sourire retenu, marchait parmi les masques, les regardant de très près et ne reconnaissant personne. Non seulement elle ne reconnaissait pas les Rostov et Dimmler, mais elle ne pouvait même reconnaître ses filles sous les robes de chambre et les uniformes dont elles étaient affublées.

— Et qui est-ce ? demanda-t-elle en s’adressant à la gouvernante et dévisageant sa fille costumée en Tatar de Kazan. On dirait que c’est quelqu’un