Page:Tolstoï - Œuvres complètes vol1.djvu/140

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çon qui promet. Vous ne sauriez imaginer, mon cousin, — continua-t-elle en s’adressant exclusivement à papa, parce que grand’mère ne s’intéressait nullement aux enfants de la princesse, et, voulant vanter ses petits-fils, tirait soigneusement mes vers de dessous la boîte et commençait à les déplier : — vous ne sauriez croire ce qu’il a fait ces jours-ci…

Et la princesse, se penchant vers papa, se mit à lui raconter quelque chose avec beaucoup d’animation. En finissant le récit, que je n’entendis pas, elle éclata de rire et aussitôt, regardant papa interrogativement, elle dit :

— Quel gaillard, mon cousin ? Il méritait d’être fouetté, mais c’est si spirituel, si drôle, que je lui ai pardonné, mon cousin.

Et la princesse, fixant ses regards sur grand’mère, sans rien ajouter, continua de sourire.

— Est-ce que vous frappez vos enfants, ma chère ? — demanda grand’mère en soulevant les sourcils et en accentuant le mot frappez.

— Ah ! ma bonne tante, — répondit d’une voix douce la princesse, en jetant un regard rapide sur papa, — je connais votre opinion sur ce sujet, mais permettez-moi, dans cette seule chose, de n’être pas de votre avis : j’ai beau réfléchir, lire, prendre conseil à ce sujet, malgré tout, l’expérience m’a amenée à la conviction qu’il faut agir sur les enfants par la crainte. Pour faire quelque chose