Page:Tolstoï - Œuvres complètes vol1.djvu/258

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à plis en toile de Hollande, j’eusse dit tout franchement qu’il m’était très pénible de n’en pas avoir de pareilles, je suis convaincu que j’eusse été soulagé, et que je n’aurais pas pensé, chaque fois qu’il rabattait son col, qu’il faisait cela pour m’agacer. Ce qui m’ennuyait le plus, c’est que Volodia, comme il me semblait parfois, me comprenait, mais tâchait de le cacher.

Qui n’a pas remarqué ces relations mystérieuses, muettes, qui se manifestent dans un sourire imperceptible, dans les mouvements ou dans les regards des personnes qui vivent toujours ensemble : des frères, des amis, entre le mari et la femme, maîtres et serviteurs, surtout quand ces personnes ne sont pas entièrement sincères entre elles. Combien de désirs et de pensées non exprimés, et de peur d’être compris, s’expriment d’un seul regard, au hasard, quand timidement et avec incertitude, se rencontrent vos yeux !

Mais peut-être, dans ce cas, une sensibilité trop chatouilleuse me trompait-elle ; peut-être Volodia ne sentait-il pas la même chose que moi. Il était emporté, franc, mais changeant dans ses entraînements. S’enthousiasmant d’objets les plus divers, il s’y adonnait de toute son âme.

Tantôt, subitement, il était accaparé par la passion des tableaux ; il en dessinait lui-même, ou en achetait de son argent, il en demandait au professeur de dessin, à papa, à grand’mère ; tan-