Page:Tolstoï - Œuvres complètes vol1.djvu/265

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J’étais d’un naturel timide, mais ma timidité s’augmentait encore par la conscience de ma laideur. Et je suis convaincu, que rien n’a une telle influence sur la direction de l’homme que son physique et moins le physique lui-même que la conviction de son charme ou de son manque de charme.

J’avais trop d’amour-propre pour me faire à ma situation. Je me consolais comme le renard, me persuadant que le raisin était encore trop vert, c’est-à-dire que je tâchais de mépriser tous les plaisirs que procure un beau visage, mais j’enviais de tout mon cœur ce dont, selon moi, profitait Volodia, et je tendais toutes les forces de mon esprit et de mon imagination pour trouver du plaisir dans l’orgueilleuse solitude.