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VIII

L’HISTOIRE DE KARL IVANOVITCH


Très tard, la veille du jour où Karl Ivanovitch devait nous quitter pour toujours, il était debout près du lit, dans sa robe de chambre ouatée et avec sa calotte rouge, et, penché sur la valise, il y rangeait soigneusement son bien.

La conduite de Karl Ivanovitch, à notre égard, était devenue, ces derniers temps, particulièrement sèche : il semblait éviter tout rapport avec nous. Ainsi, quand j’entrai dans sa chambre, il me regarda en-dessous et continua son travail. Je m’étendis sur mon lit, mais Karl Ivanovitch qui, auparavant, me le défendait sévèrement, ne me dit rien, et la pensée qu’il ne nous gronderait plus, qu’il ne nous arrêterait plus, que maintenant il n’avait plus rien de commun avec nous, me rappela vivement la séparation prochaine ; je devins triste