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VII


LA CHASSE


Le chef du chenil, nommé Tourka, marchait devant tous, monté sur un cheval gris-bleu, au nez bombé ; il avait un bonnet de fourrure, un énorme cor derrière les épaules et un couteau à la ceinture. Par son aspect sombre et farouche, on aurait pensé que cet homme allait à un combat mortel plutôt qu’à la chasse. Près des pattes de derrière de son cheval, couraient, comme un peloton bigarré et mouvant, les chiens courants. Ça faisait peine de voir quel sort avait le malheureux qui était en retard. Il lui fallait, avec de grands efforts, rattraper son compagnon, et quand il y arrivait, un des chasseurs qui était derrière ne manquait pas de lui lancer un coup de fouet en criant : « Ensemble ! » Une fois la cour franchie, papa ordonna aux chasseurs et à nous de suivre la route, et lui-même prit à travers champs.

La moisson battait son plein. Les champs,