Page:Tolstoï - Anna Karénine, 1910, tome 1.djvu/250

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


CHAPITRE VII


On entendit des pas près de la porte, et Betsy, persuadée qu’elle allait voir entrer Anna, regarda Wronsky. Lui aussi regardait du côté de la porte, et son visage avait une expression étrange de joie, d’attente et pourtant de crainte ; il se souleva lentement de son siège. Anna parut. Elle traversa la courte distance qui la séparait de la maîtresse de la maison, d’un pas rapide, léger et décidé, qui la distinguait de toutes les autres femmes de son monde ; comme d’habitude, elle se tenait extrêmement droite, et, le regard fixé sur Betsy, alla lui serrer la main en souriant, puis, avec le même sourire, elle se tourna vers Wronsky. Celui-ci salua profondément et lui avança une chaise.

Anna inclina légèrement la tête, et rougit d’un air un peu contrarié ; quelques personnes amies vinrent lui serrer la main ; elle les accueillit avec animation, et, se tournant vers Betsy :

« Je viens de chez la comtesse Lydie, j’aurais voulu venir plus tôt, mais j’ai été retenue. Il y avait là sir John : il est très intéressant.

— Ah ! le missionnaire ?

— Oui, il raconte des choses bien curieuses sur sa vie aux Indes. »

La conversation, que l’entrée d’Anna avait inter-