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de trèfle de l’année précédente, puis celui qu’on labourait pour le blé d’été.

Le trèfle levait admirablement et le labour était excellent ; dans deux ou trois jours, les semailles pourraient commencer.

Levine satisfait revint par les ruisseaux, espérant que l’eau aurait baissé ; effectivement il put les traverser, et au passage il effraya deux canards.

« Il doit y avoir des bécasses », pensa-t-il ; et un garde qu’il rencontra en approchant de la maison, lui confirma cette supposition.

Aussitôt il hâta le pas de son cheval afin de rentrer dîner et de préparer son fusil pour le soir.


CHAPITRE XIV


Au moment où Levine rentrait chez lui, de la plus belle humeur du monde, il entendit un son de clochettes du côté du perron d’entrée.

« Quelqu’un arrive du chemin de fer, pensa-t-il : c’est l’heure du train de Moscou… Qui peut venir ? Serait-ce mon frère Nicolas ? Ne m’a-t-il pas dit qu’au lieu d’aller à l’étranger, il viendrait peut-être chez moi ? »

Il eut peur un moment que cette arrivée n’interrompît ses plans de printemps ; mais, honteux de ce sentiment égoïste, il ouvrit aussitôt, dans sa pensée, les bras à son frère, et se prit à espérer, avec une