Page:Tolstoï - Anna Karénine, 1910, tome 1.djvu/320

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en voyant approcher de la maison une calèche attelée de trois chevaux. Voilà ta troïka.

— À l’écurie, et de là chez Bransky, avec lequel j’ai une affaire à régler », dit Wronsky.

Il avait effectivement promis à Bransky de lui porter de l’argent, et celui-ci demeurait à dix verstes de Péterhof, — mais ses camarades comprirent aussitôt qu’il allait encore ailleurs.

Pétritzky cligna de l’œil avec une grimace qui signifiait : « nous savons ce que Bransky veut dire », et continua à chanter.

« Ne t’attarde pas », se contenta de dire Yashvine, et, changeant de conversation : « Et mon rouan, fait-il ton affaire ? » demanda-t-il en regardant par la fenêtre le cheval du milieu qu’il avait vendu.

Au moment où Wronsky allait sortir, Pétritzky l’arrêta en criant :

« Attends donc, ton frère m’a laissé une lettre et un billet pour toi. Qu’en ai-je fait ? C’est là la question, déclama Pétritzky, élevant l’index au-dessus de son nez.

— Parle donc, es-tu bête ! dit Wronsky en souriant.

— Je n’ai pas fait de feu dans la cheminée. Ce doit être ici quelque part.

— Voyons, pas de contes : où est la lettre ?

— Je t’assure que je l’ai oubliée ; j’ai peut-être vu tout cela en rêve ! Attends, attends, ne te fâche pas ; si tu avais bu comme je l’ai fait hier, tu ne