Page:Tolstoï - Anna Karénine, 1910, tome 1.djvu/342

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le réveilla machinalement, observa les nuées de moucherons qui s’élevaient au-dessus de ses chevaux en sueur, sauta dans sa calèche et se fit conduire chez Bransky ; il avait déjà fait six à sept verstes lorsque la présence d’esprit lui revint ; il comprit alors qu’il était en retard, et regarda de nouveau sa montre. Elle marquait cinq heures et demie.

Il devait y avoir plusieurs courses ce jour-là. D’abord les chevaux de trait, puis une course d’officiers de deux verstes, une seconde de quatre ; celle où il devait courir était la dernière. À la rigueur, il pouvait arriver à temps en sacrifiant Bransky, sinon il risquait de ne se trouver sur le terrain que lorsque la cour serait arrivée, et ce n’était pas convenable. Malheureusement Bransky avait sa parole ; il continua donc la route en recommandant au cocher de ne pas ménager ses chevaux. Cinq minutes chez Bransky, et il repartit au galop ; ce mouvement rapide lui fit du bien. Peu à peu il oubliait ses soucis pour ne sentir que l’émotion de la course et le plaisir de ne pas la manquer ; il dépassait toutes les voitures venant de Pétersbourg ou des environs.

Personne chez lui que son domestique le guettant sur le seuil de la porte ; tout le monde était déjà parti.

Pendant qu’il changeait de vêtements, son domestique eut le temps de lui raconter que la seconde course était commencée, et que plusieurs personnes s’étaient informées de lui.

Wronsky s’habilla sans se presser, — car il savait