d’une façon inoffensive, et cela à cause des yeux qu’il sentait braqués sur eux.
« Je l’ai reçue ; je ne comprends pas de quoi tu t’inquiètes.
— Je m’inquiète de ce qu’on m’a fait remarquer tout à l’heure ton absence, et ta présence à Péterhof lundi.
— Il y a des choses qui ne peuvent être jugées que par ceux qu’elles intéressent directement, — et l’affaire dont tu te préoccupes est telle…
— Oui, mais alors on ne reste pas au service, on ne…
— Ne t’en mêle pas, — c’est tout ce que je demande. » Alexis Wronsky pâlit, et son visage mécontent eut un tressaillement ; il se mettait rarement en colère, mais quand cela arrivait, son menton se prenait à trembler, et il devenait dangereux. Alexandre le savait et sourit gaiement.
« Je n’ai voulu que te remettre la lettre de notre mère ; réponds-lui et ne te fais pas de mauvais sang avant la course.
— Bonne chance », ajouta-t-il en français, en s’éloignant.
Dès qu’il l’eut quitté, Wronsky fut accosté par un autre.
« Tu ne reconnais donc plus tes amis ? Bonjour, mon cher ! » C’était Stépane Arcadiévitch, le visage animé, les favoris bien peignés et pommadés, aussi brillant dans le monde élégant de Pétersbourg qu’à Moscou.