de la surveillance, et qui s’en chargera ? » répondit Dolly sans aucune conviction.
Maintenant que l’ordre s’était rétabli dans son ménage, sous l’influence de Matrona Philémonovna, elle n’avait nul désir d’y rien changer ; d’ailleurs, les connaissances scientifiques de Levine lui étaient suspectes, et ses théories lui semblaient douteuses et peut-être nuisibles. Le système de Matrona Philémonovna était incomparablement plus clair : il consistait à donner plus de foin aux deux vaches laitières, et à empêcher le cuisinier de porter les eaux grasses de la cuisine à la vache de la blanchisseuse ; Dolly tenait surtout à parler de Kitty.
X
« Kitty m’écrit qu’elle aspire à la solitude et au repos, commença Dolly après un moment de silence.
— Sa santé est-elle meilleure ? demanda Levine avec émotion.
— Dieu merci, elle est complètement rétablie ; je n’ai jamais cru à une maladie de poitrine.
— J’en suis bien heureux ! — dit Levine ; et Dolly crut lire sur son visage la touchante expression d’une douleur inconsolable.
— Dites-moi, Constantin Dmitritch, dit Dolly en souriant avec bonté et un peu de malice : pourquoi en voulez-vous à Kitty ?