Page:Tolstoï - Ce qu’il faut faire.djvu/43

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ne point voir, dans nos plaisirs, cette pince dont nous serrons la queue de tous ces gens, qui souffrent pour notre amusement !

Ces femmes qui s’en vont au bal dans une robe de cent cinquante roubles ne sont point nées au bal ou chez Mme Minangoy[1] ; chacune d’elles a habité un village, a vu des moujiks ; elle a une niania, une bonne dont le père et les frères sont de pauvres gens qui, à gagner cent cinquante roubles pour l’isba, consacrent une longue vie, une vie de travail ; elle le sait : comment peut-elle donc s’amuser, sachant qu’elle porte sur son corps nu cette isba, le rêve du frère de sa bonne ?

Supposons toutefois qu’elle n’ait pas pu faire cette observation. Mais ceci, que le velours et la soie, et les bonbons et les fleurs, et les dentelles, et les robes ne se font pas

  1. Couturière française de Moscou.