Page:Tolstoï - Contes et fables, 1888.djvu/55

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Mais il n’y avait rien à faire ; on procéda aux préparatifs du départ.

Ma femme me fit des chemises, me donna de l’argent, car je devais me rendre le lendemain au bureau de recrutement.

Ma mère se désolait, et moi, quand je songeais qu’il fallait partir, je sentais mon cœur se serrer comme si je devais aller à la mort.

Le soir, nous étions tous réunis pour le souper ; personne ne mangeait ; mon frère aîné, Nicolaï, restait couché sur le fourneau et ne disait rien. Ma jeune femme pleurait, mon père restait sombre, et ma mère avait posé sur la table la kacha, mais personne n’y touchait. Ma mère commença à appeler Nicolaï pour souper.

Il descendit, fit un signe de croix, s’assit à table et dit :

— Ne pleure pas, ma mère, je rempla-