Page:Tolstoï - Contes et fables, 1888.djvu/74

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ne l’entendant pas, continuaient à nager. L’artilleur, pâle, immobile, ne quittait pas les enfants des yeux. Les matelots détachèrent vivement une barque dans laquelle ils se jetèrent, et, ramant à briser les rames, volèrent au secours des mousses. Mais ils étaient encore loin des enfants, que le requin n’en était plus qu’à vingt coudées.

Les gamins n’avaient rien vu ni entendu, mais soudain l’un d’eux se retourna ; nous entendîmes un cri d’épouvante ; puis les enfants se séparèrent. Le cri avait tiré l’artilleur de sa torpeur.

Il courut au canon, ajusta et prit la mèche. Nous restions pétrifiés, attendant ce qui allait se passer ; le coup retentit, et nous vîmes l’artilleur retomber auprès de son canon, en se cachant le visage de ses mains.

La fumée nous empêchait de voir le requin et les enfants ; mais lorsque la fumée