Page:Tolstoï - De la vie.djvu/19

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vivant indivisible. Et cependant on me dit que je suis tout entier composé de cellules vivantes. À qui donc dois-je attribuer le principe de la vie : à moi ou aux cellules ? Si j’admets que les cellules possèdent la vie, je dois retrancher de la conception de la vie le principal signe de ma vie, le sentiment de mon unité et de mon indivisibilité ; mais si j’admets que je possède la vie en tant qu’être unique et indivisible, il est clair que je ne puis attribuer la même vie aux cellules dont se compose mon corps, et dont la conscience est inconnue.

Ou bien je possède la vie et je suis composé de particules non vivantes appelées cellules ; ou bien je renferme une quantité de cellules vivantes, et la conscience que j’ai de ma vie n’est pas la vie, mais rien qu’une illusion.

Nous ne nous contentons pas de dire que la cellule renferme quelque chose que nous nommons pie ou die, mais nous disons que la cellule renferme la vie. Nous disons « la vie », parce que nous ne comprenons pas sous ce nom un x quelconque, mais une quantité bien déterminée, que nous connaissons tous également et que nous connaissons uniquement par nous-mêmes comme la conscience que nous avons de notre corps formant un seul être indivisible. Par conséquent,