Page:Tolstoï - De la vie.djvu/27

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gies. Tout cela paraît clair, simple et surtout commode.

Je dirai mon audacieuse pensée tout entière : une bonne part de l’énergie, de l’activité passionnée de la science expérimentale provient du désir d’inventer tout ce qui est nécessaire pour confirmer une conception si commode.

Dans toute l’activité de cette science, on ne découvre pas tant le désir d’étudier les phénomènes de la vie qu’une préoccupation constante de prouver la justesse de son dogme fondamental. Que de forces perdues pour essayer d’expliquer comment l’organique provient de l’inorganique, l’activité psychique des phénomènes de l’organisme ! On a beau chercher un fait qui prouve la possibilité de la provenance d’un être organique de la matière inorganique, on ne le trouve pas, mais on ne se décourage jamais, d’autant plus que nous avons à nos ordres une série infinie de siècles pour y reléguer tout ce qui devrait être conforme à notre croyance, mais n’existe pas en réalité.

Il en est de même de la transition de l’activité organique à l’activité psychique ; elle n’existe pas encore, mais nous sommes convaincus qu’elle existera et nous employons tous les efforts de notre intelligence à en démontrer au moins la possibilité.