Page:Tolstoï - De la vie.djvu/37

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ment encore les souffrances toujours inséparables des jouissances. Plus l’homme avance dans la vie, plus il voit clairement que les jouissances deviennent de plus en plus rares, et que l’ennui, la satiété, les peines, les souffrances vont en augmentant.

Et ceci n’est pas encore tout : sentant l’affaiblissement de ses forces et les premières atteintes des maladies, ayant devant les yeux les infirmités, la vieillesse et la mort des autres hommes, il remarque encore que sa propre existence, cette existence dans laquelle seulement il sent réellement et pleinement la vie, se rapproche à chaque instant, à chaque mouvement, de la vieillesse, de la caducité et de la mort. Il observe en outre que sa vie est exposée à des milliers d’éventualités de destruction de la part des autres êtres en lutte avec lui, qu’elle est en butte à des souffrances qui s’accroissent sans cesse, que sa vie enfin, par sa nature même, n’est qu’un acheminement incessant vers la mort, vers cet état dans lequel doit disparaître, en même temps que la vie individuelle, toute possibilité d’un bien personnel