Page:Tolstoï - Hadji Mourad et autres contes.djvu/105

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par toute sa personne, confirmait cette supposition. « Les autres et Hadji Mourad lui-même savent cacher leur jeu, pensait Loris Melikoff, mais celui-ci se trahit par une haine qu’il ne peut dissimuler. »

Loris Melikoff avait essayé de causer avec lui. Il lui avait demandé s’il ne s’ennuyait pas, mais Gamzalo, sans quitter ses occupations, louchant de son œil unique sur Loris Melikoff, avait grommelé brièvement, d’une voix rauque : « Non, je ne m’ennuie pas » Et il répondait de la même façon à toutes les autres questions.

Pendant que Loris Melikoff se trouvait là, le quatrième muride de Hadji Mourad, Khanefi, entra aussi. Le visage de type abaze, velu, ainsi que son cou et sa poitrine bombée, couverte de poils touffus comme de la mousse, Khanefi était un travailleur qui ne réfléchissait pas trop, qui était toujours absorbé dans son travail et qui, comme Eldar, obéissait à son maître sans discuter.

Quand il entra dans la chambre, pour chercher le riz, Loris Melikoff l’arrêta et lui demanda d’où il était et s’il servait depuis longtemps Hadji Mourad.

— Cinq ans, répondit Khanefi, à la question de Loris Melikoff. — Je suis du même aoul que lui. Mon père ayant tué son oncle, ils voulurent me tuer, dit-il en regardant très tranquillement, de dessous ses sourcils croisés, le visage de Loris Melikoff ; alors j’ai demandé d’être accepté comme frère.