Page:Tolstoï - Hadji Mourad et autres contes.djvu/109

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veloppés de nos manteaux, nous nous rendîmes à la mosquée. Gamzat y entre escorté de trente murides, tous tenant l’épée nue. Asaldar, son muride favori, celui-même qui avait tranché la tête de la mère des Khans, nous aperçut. Il nous cria d’enlever nos manteaux et s’approcha de moi. J’avais mon poignard à la main ; je le tuai. Puis, aussitôt, je me jetai sur Gamzat. Mais mon frère, Osman, avait déjà tiré sur lui. Gamzat était encore vivant, et, le poignard à la main, il se jeta sur mon frère, mais je l’achevai d’un coup à la tête. Il y avait trente murides et nous n’étions que deux. Ils tuèrent mon frère Osman, moi je me débattis et, bondissant par la fenêtre, je m’enfuis.

À la nouvelle que Gamzat était tué, tout le peuple se souleva et les murides s’enfuirent. Ceux qui ne réussirent pas à s’enfuir furent tués.

Hadji Mourad s’arrêta et respira profondément.

— Tout cela était fort bien, continua-t-il, mais bientôt tout se gâta. Schamyl prit la place de Gamzat. Il envoya chez moi un messager me dire de m’unir à lui pour marcher contre les Russes ; en cas de refus de ma part, il me menaçait de ravager Khounzakh et de me tuer. Je répondis que je n’irais pas chez lui et ne le laisserais pas entrer chez nous.

— Pourquoi donc n’es-tu pas allé chez lui ? demanda Loris Melikoff.

Hadji Mourad fronça les sourcils et ne répondit pas tout de suite.