Page:Tolstoï - Hadji Mourad et autres contes.djvu/112

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Schamyl, que tu enseignes au peuple à ne pas obéir aux autorités russes. J’ai donné l’ordre de t’arrêter et de t’amener chez moi. Tu t’es enfui. Je ne sais si cela est mieux ou pire, car j’ignore si tu es coupable ou non. Maintenant, écoute-moi : Si ta conscience ne te reproche rien contre le grand tzar, si tu n’es coupable en rien, viens chez moi, ne crains personne. Je suis ton défenseur. Le Khan ne te fera rien, lui-même est mon subordonné. Ainsi donc, tu n’as rien à craindre. »

Plus loin, Klugenau écrivait qu’il tenait toujours sa parole, qu’il était juste, et exhortait Hadji Mourad à venir chez lui.

Quand Loris Melikoff eut terminé la première lettre, Hadji Mourad prit l’autre, mais avant de la remettre à Loris Melikoff, il raconta ce qu’il avait répondu à cette première lettre.

— Je lui écrivis que je portais le turban, non pas à cause de Schamyl, mais pour le salut de mon âme ; que je ne voulais point me rallier à Schamyl, et du reste ne le pouvais pas, car il était cause que mon père, mon frère, mes parents, avaient été tués, mais que je ne pouvais pas non plus me rallier aux Russes parce qu’on m’avait déshonoré. À Khounzakh, quand j’étais attaché, un lâche m’avait souillé, et que, par conséquent, je ne pouvais me rallier tant que cet homme ne serait pas tué ; et que, principalement, je craignais le menteur Akhmet Khan. Alors le général m’envoya cette autre lettre, dit Hadji Mourad, en tendant à Loris Melikoff une autre feuille de papier jaunie.