Page:Tolstoï - Hadji Mourad et autres contes.djvu/113

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« Tu m’as répondu à ma lettre, merci, lut Loris Melikoff. Tu écris que tu ne crains pas de retourner, mais qu’une souillure faite par un gaïour te l’interdit. Et moi, j’affirme que la loi russe est juste et que, de tes yeux, tu verras le châtiment de celui qui a osé te souiller. J’ai déjà ordonné une enquête. Écoute, Hadji Mourad, j’ai le droit d’être mécontent de toi, parce que tu mets en doute et ma parole et mon honneur, mais je te pardonne, connaissant la méfiance du caractère montagnard, en général. Si ta conscience est pure, si tu portes le turban uniquement pour le salut de ton âme, tu fais bien ; et tu peux tenir haut la tête devant les représentants du gouvernement russe et devant moi. Quant à celui qui t’a déshonoré, je t’affirme qu’il sera puni ; tes biens te seront rendus et tu connaîtras et verras ce que c’est que la loi russe. D’autant plus que les Russes regardent autrement toutes choses. À leurs yeux tu n’es pas du tout diminué, du fait qu’un lâche t’a souillé. J’ai permis moi-même aux Guillerintz de porter le turban, et je regarde leurs actes comme il convient. Je te répète que tu n’as rien à craindre. Viens chez moi avec l’homme que je t’envoie maintenant. Il m’est fidèle. Il n’est pas l’esclave de tes ennemis, mais c’est un homme qui jouit de l’estime particulière du gouvernement russe… »

Plus loin, Klugenau exhortait de nouveau Hadji Mourad à revenir aux Russes.

— Mais je ne l’ai pas cru, dit Hadji Mourad