Page:Tolstoï - Hadji Mourad et autres contes.djvu/124

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parce que, à cause de la négligence des chefs, les montagnards avaient détruit presque entièrement un petit détachement du Caucase. Aujourd’hui, Tchernecheff avait l’intention de présenter sous un jour désavantageux les mesures prises par Vorontzoff à l’égard de Hadji Mourad. Il voulait insinuer à l’empereur que Vorontzoff protégeait les aborigènes, même avait une certaine faiblesse pour eux, et toujours au détriment des Russes ; que c’était le cas avec Hadji Mourad. Tchernecheff se proposait de laisser entendre à l’empereur qu’en gardant Hadji Mourad au Caucase, Vorontzoff avait agi imprudemment, que, selon toutes probabilités, Hadji Mourad ne s’était rallié à nous que pour examiner nos moyens de défense, et qu’en conséquence il valait mieux expédier Hadji Mourad dans le centre de la Russie, et se servir de lui seulement quand sa famille ne serait plus dans les montagnes et qu’on pourrait avoir confiance en son dévouement. Mais ce plan ne réussit point à Tchernecheff ; et cela uniquement parce que le matin du 1er janvier Nicolas était particulièrement de mauvaise humeur et n’aurait accepté aucune proposition de n’importe qui, rien que par esprit de contradiction.

D’autant plus n’était-il pas enclin à accepter la proposition de Tchernecheff, qu’il tolérait seulement, le regardant, pour le moment, comme un homme irremplaçable ; mais il savait de quelles manœuvres il avait usé dans le procès des Décembristes pour perdre Zakar Tchernecheff, et sa tentative d’accaparer la fortune de celui-ci ; et