Page:Tolstoï - Hadji Mourad et autres contes.djvu/127

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bruit, et, témoignant de tout son être le respect pour le lieu dans lequel il pénétrait, il disparut derrière la porte.

Pendant ce temps Dolgorouki avait ouvert sa serviette pour vérifier les papiers qui s’y trouvaient.

Tchernecheff, les sourcils froncés, se mit à marcher pour se détendre les jambes, et, en même temps, il se remémorait tout ce qu’il avait à dire à l’empereur. Il se trouvait près de la porte du cabinet quand elle s’ouvrit de nouveau et laissa sortir l’aide de camp respectueux et rayonnant encore plus qu’auparavant. D’un geste il invita le ministre et son adjoint à passer chez l’empereur.

Le Palais d’Hiver, après l’incendie, était déjà reconstruit depuis longtemps, et Nicolas y occupait l’étage supérieur. Le cabinet de travail où il recevait les rapports de ses ministres et des hauts fonctionnaires était une pièce très haute avec quatre grandes fenêtres. Un portrait de l’empereur Alexandre Ier était appendu au mur principal. Deux bureaux étaient placés entre les fenêtres, quelques sièges se trouvaient près des murs. Le milieu de la pièce était occupé par une immense table de travail, devant laquelle se trouvaient le fauteuil de Nicolas et des sièges pour les visiteurs.

Nicolas, en tunique noire, sans épaulettes, était assis près de la table. Rejetant en arrière son long torse très serré sur le ventre, immobile, il fixa son regard sans vie sur les arrivants. Son long visage pâle, avec son énorme front fuyant qui