Page:Tolstoï - Hadji Mourad et autres contes.djvu/210

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parcouru deux verstes, Hadji Mourad stimula son cheval et se mit à aller si vite que ses serviteurs prirent le grand trot, ainsi que les cosaques.

— Quel bon cheval, dit Ferrapontoff. — Si je l’avais rencontré quand il n’était pas encore notre ami pacifié, ce que je l’aurais descendu de ce cheval !

— Oui, mon ami, à Tiflis on donnerait trois cents roubles pour ce cheval.

— Et moi, avec le mien, je le dépasserais, dit Nazaroff.

— Comment donc, tu le dépasserais ! fit Ferrapontoff.

Hadji Mourad accélérait toujours sa course.

— Hé ! Ami ! On ne peut pas aller si vite ! Plus doucement ! cria Nazaroff, en tâchant de rejoindre Hadji Mourad. Celui-ci se retourna, et, sans rien dire, garda la même allure.

— Fais attention ! Ils mijotent quelque chose, les diables, dit Ignatoff. — Vois comme ils marchent.

Ils firent ainsi une verste dans la direction de la montagne.

— Je te dis que ce n’est pas permis ! cria de nouveau Nazaroff.

Hadji Mourad ne répondit pas, et, sans retourner, accélérant l’allure, du trot passa au galop.

— Ah ! non. Tu ne t’enfuiras pas ! cria Nazaroff, piqué au jeu.

Il cravacha son grand hongre, et, debout sur les étriers, penché en avant, il se lança au grand galop derrière Hadji Mourad.