Page:Tolstoï - Hadji Mourad et autres contes.djvu/343

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Semen détela ses chevaux dans sa cour, appela son garçon et l’envoya avec les chevaux dans les champs. Tout le fumier était déjà déposé, mais il restait encore beaucoup de travail. Il fallait réparer la haie du potager, sarcler les pommes de terre, aiguiser la faux. On avait dit qu’on ferait appeler le lendemain chez le marchand pour faucher. Il fallait aussi se procurer du bois pour construire le hangar ; ce bois, il fallait l’acheter ou le demander ou le prendre en cachette dans la forêt. Il fallait aussi écrire une lettre à Paul.

Pendant qu’il s’acheminait chez lui, Semen avait déjà songé à tout cela, et avait résolu de ne pas toucher aux chevaux ; ils étaient assez fatigués sans cela ; ils devaient souffler un peu. La lettre aussi, il serait difficile de l’écrire ; mais il fallait aiguiser la faux.

Axinia avait préparé le dîner. Semen se signa devant l’icône et se mit à table avec sa mère, la servante et le domestique. Quand il eut mangé le stchi[1], il se mit à parler de Paul.

II

Paul était employé de bureau à Moscou, dans une fabrique de parfumerie. Il recevait dix-huit roubles par mois, et n’avait jamais manqué d’envoyer à la maison. Il avait envoyé aussi les derniers

  1. Sorte de soupe aux choux.