Page:Tolstoï - Hadji Mourad et autres contes.djvu/344

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mois, mais il avait promis de venir à la maison et n’était pas venu.

« Ne fait-il pas la noce ? Au jour d’aujourd’hui tout arrive. » Ainsi parlait Semen, pendant le dîner, en mâchant son pain et une pomme de terre. La vieille était d’accord sur le danger du temps présent. Axinia, tout en servant, s’asseyait gaîment à table, mangeait, et desservait vivement en clignant joyeusement les yeux, — et ses yeux étaient brillants et intelligents.

Elle louait son fils, souriait à sa pensée, et n’attendait de lui que du bon.

La conversation avait été amenée sur le fils parce que Semen avait raconté sa rencontre avec Agrafena, dont Paul était le promis, et à ce propos il avait dit qu’il pensait les marier après la Saint-Pierre.

— C’est bon, c’est bon ! fit Axinia. Eh bien, envoie-lui une lettre. Il viendra peut-être. Récemment Matriona a dit qu’on l’avait vu là-bas, et qu’il est devenu élégant comme un monsieur.

— Quoi, commença la vieille, répondant non aux paroles mais à la pensée, et principalement au sentiment qui s’était soulevé, elle le savait, en sa belle-fille, au sentiment d’amour et de tendresse pour la joie principale de sa vie, son Paul.

— Quoi, dit-elle, comme pour justifier Axinia ; c’est un brave garçon. Chaque père serait fier d’en avoir un pareil. Ni débauché, ni ivrogne ; il n’y a rien à dire.

Ainsi parlait la grand’mère, paraissant approuver son petit-fils.