Page:Tolstoï - Hadji Mourad et autres contes.djvu/348

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

toutes les expéditions, les accusés de réception, etc. Il déjeunait, se reposait, se mettait de nouveau au travail, ensuite rentrait chez lui, composait des vers très mauvais, qu’il ne croyait pas tels. Les jours de fêtes, quand le bureau était fermé, il allait au jardin zoologique, parfois au théâtre. Il s’habillait proprement. Il aimait cela. Toutefois il envoyait à son père un peu plus de la moitié de ce qu’il gagnait.

Une fois, un samedi soir, en sortant du bureau avec son camarade Nicolas Anossoff, celui-ci lui dit :

— Voilà, toi qui aimes lire, as-tu lu le Roi famine ?

Paul répondit qu’il ne l’avait pas lu.

— Eh bien, viens chez moi, je te le prêterai. Paul alla chez Anossoff, prit le livre, et lut toute la nuit. Il ne s’endormit qu’à l’aube. En s’éveillant, par habitude il voulut se signer, mais se rappelant ce qu’il avait lu, il sourit de lui-même et se mit à se remémorer tout ce qu’il avait lu, et qui était le commencement de la divination de cette énigme qui le tourmentait tant.

V

Peu après cela, Anossoff introduisit Paul dans l’Union des travailleurs, et Paul s’instruisit des buts de cette société. C’est peu que les gens savants, instruits, aient prouvé clairement que l’état de