Page:Tolstoï - Hadji Mourad et autres contes.djvu/90

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les invités en souriant avec affabilité, et, par l’intermédiaire de l’interprète, elle dit quelques paroles aimables à Hadji Mourad, qui regardait les invités avec la même indifférence que la veille au théâtre. Après la maîtresse de la maison, d’autres femmes nues s’approchèrent de Hadji Mourad, et toutes, sans avoir honte en sa présence, lui demandèrent en souriant la même chose : Comment il trouvait ce qu’il voyait ?

Vorontzoff lui-même, en épaulettes et aiguillettes d’or, croix blanche au cou, le ruban en sautoir, s’approcha de lui et lui posa la même question, évidemment convaincu, comme toutes celles qui l’avaient interrogé avant lui, qu’il était impossible que tout ce qu’il voyait ne lui plût point.

Hadji Mourad répondit à Vorontzoff ce qu’il avait répondu à tous, que chez eux il n’y avait pas cela, sans dire s’il le trouvait bien ou mal — mais que, chez eux, il n’y avait pas cela. Ici, au bal, Hadji Mourad essaya de causer de son affaire avec Vorontzoff, mais celui-ci, feignant de ne pas entendre ses paroles, s’éloigna de lui ; et Loris Melikoff expliqua ensuite à Hadji Mourad que le lieu était mal choisi pour parler de ces sortes de choses.

Quand onze heures sonnèrent, Hadji Mourad, après avoir contrôlé l’heure à la montre, cadeau de Marie Vassilievna, demanda à Loris Melikoff s’il pouvait partir. Loris Melikoff lui dit que c’était possible mais qu’il serait mieux de rester. Malgré cela Hadji Mourad ne resta pas, et regagna, dans le landau mis à sa disposition, l’appartement qui lui était réservé.